Jolies ordures

Garbage, c'est avant tout un groupe de rock alternatif des année 90, mené de front par la sulfureuse rousse Shirley Manson. Influencés par Roxy Music, Blondie, The Pretenders, David Bowie, Patti Smith, My Bloody Valentine ou encore Siouxsie and the Banshees, leur style teinté d'influences diverses et de sons électroniques nous avait manqué. Après leur album Bleed like me en 2005, ils n'avaient plus sorti qu'un best of nommé Absolute Garbage en 2007. Le groupe avait besoin d'une pause afin de se montrer de nouvau créatif. La belle avait d'ailleurs amorcé un projet solo qui n'a finalement jamais vu le jour. Ils n'avaient donné aucune date pour le retour, mais il ne faut jamais désespérer ; c'est le 20 juillet 2011 que le groupe poste une vidéo sur leur Facebook officiel pour enfin annoncer la préparation d'un nouvel album. Il faudra attendre le 14 mai 2012 pour découvrir qu'ils n'auront rien perdu de son talent. Retour sur l'histoire d'un groupe mythique mais malheureusement trop peu connu en France.

Formation du groupe

Fondé en 1993 par trois producteurs américains, à savoir Butch Vig (notamment producteur de certains albums de Nirvana, des Smashing Pumpkins et de Green Day), Duke Erikson et Steve Marker, le groupe est à l'origine un concept, une recherche de sons hors du commun mêlant guitare et sonorités électroniques. Les trois hommes commencent par mixer des titres de U2, Depeche Mode, Nine Inch Nails... Un auditeur fait alors remarquer que leur musique « sounds like garbage » (sonne comme des ordures), d'où le nom du groupe. Il ne manque plus qu'une voix féminine, qu'ils trouvent au sein d'Angelfish. Ils repèrent en effet en 1994 l'écossaise Shirley Manson en visionnant le clip de Suffocate me à la télé. Les premières répétitions ensemble sont désastreuses, mais ils décident de mener à bien leur concept, à la base pour quelques titres seulement. C'est bien malgré eux que leur premier single Vow rencontre un succès innattendu et le concept se transforme en groupe à part entière, débouchant sur un premier album éponyme.

Garbage

Leur premier album sort le 15 août 1995 aux Etats-Unis et au Canada, puis les sorties dans le monde s'échelonnent jusqu'au 2 octobre pour le Royaume-Uni. Le style est rock alternatif, mais on peut retrouver différentes influences, créant un son relativement unique. Ils décrivent eux-même cet album comme un « big melting pot ». Quant aux paroles, ils en parlent d'une manière extrêmement particulière : selon eux, cet album était une sorte de psycho-thérapie collective où chacun a exorcisé ses démons ; Butch Vig explique qu'ils ont essayé de traduire des thèmes sombres qui pourraient parler à tout le monde. Leurs paroles sont cela dit plutôt hors du commun: Only happy when it rains est explicite rien qu'au titre ("Seulement heureuse lorsqu'il pleut"), racontant l'histoire d'une personne qui se complaît dans la tristesse, voire la dépression ; Queer aborde selon eux le thème de "la perte de l'innoncence" ; le sujet de Vow est d'une vengeance obsessionnelle, le personnage voulant détruire le monde de sa cible ; Stupid girl décrit cruellement une jeune femme qui prétendrait aller mal uniquement pour qu'on la voie et qu'on l'aime ; quant à Milk, c'est une chanson d'amour extrêmement triste sur la peur de la perte et les chose que l'on ne peut pas avoir et que l'on n'aura jamais. Et je me suis arrêtée aux singles, Stupid girl étant probablement le plus connu d'entre eux. Ils apparaissent sur une première BO de film, celle de Romeo + Juliette, avec la chanson #1 Crush. L'album débouche sur une gigantesque tournée mondiale de plus d'un an et près de 200 dates.

Version 2.0

Sorti le 11 mai 1998, Version 2.0, comme son nom l'indique, est un album extrêmement tourné vers les nouvelles technologies. C'est l'un des premiers albums au monde à avoir entièrement été enregistré grâce à un logiciel de musique. Comme toujours Garbage cherchent à obtenir des sons inhabituels ; ainsi les percussions de Temptation waits, Hammering in my head ou encore I think I'm paranoid ont été enregistrées dans une usine de bonbons désaffectée. Au niveau des paroles, on reste dans les mêmes idéologies, la douleur semblant être leur domaine de prédilection. Les singles extraits sont Push it, I think I'm paranoid, Special, When I grow up, You look so fine et The trick is to keep breathing, en Europe pour ce dernier. La chanson When I grow up est utilisée dans le film Big daddy, d'où une version alternative du clip entrecoupée d'extraits du film, en plus de la version live (il existe donc trois clips différents). Puis le groupe compose The world is not enough pour le film de James Bond Le monde ne suffit pas. Ils partent de nouveau en tournée mondiale, pour cette fois plus de 200 dates au total pendant un an et demi.

Beautiful Garbage (ou beautifulgarbage)

Sorti le premier octobre 2001, le troisième album souffre d'un démarrage difficile à cause de sa sortie suivant de peu les attentats du 11 septembre, et du manque de succès du premier single Androgyny, malgré un clip une fois de plus très recherché. Il a également reçu un accueil plutôt froid à la fois des critiques et des fans. Cela dit, c'est Cherry Lips qui se charge de relever le niveau et de faire repartir leur succès. Les chansons Shut your mouth et Breaking up the girl sortent également en singles. L'album est né d'une session improvisée entre les membres du groupe, qui a inspiré plusieurs chansons dont Shut your mouth. On retrouve cette fois des influences plus hip hop et électroniques, ainsi que des sons inspirés de la new wave des années 80 ou encore des groupes féminins des années 60. La voix de Shirley est plus travaillée que sur les précédents albums, elle essaye d'y faire passer les émotions décrites dans les paroles ; elle a cela dit été accélérée sur Cherry Lips. Les thèmes abordés sont très différents d'une chanson à l'autre, bien qu'ils suivent plus ou moins le thème de l'androgynie (notamment sur les deux singles Androgyny et Cherry Lips) et plus généralement de l'identité, chacune d'entre elle explore un univers particulier. L'album a été enregistré sur une bande qu'ils ont ensuite partiellement passée à l'envers, pour la chanson Til the day I die. En résumé le groupe a une fois de plus testé de nouvelles manières de créer des sons. Quant au nom de l'album, il a été trouvé par la chanteuse dans une chanson du groupe Hole, Celebrity Skin. Une fois de plus une tournée mondiale gigantesque s'ensuit, de plus de 200 dates une fois de plus, sur un an et trois mois. Ils ont entre autres joué aux côtés de No Doubt et des Distillers

Bleed like me

Bleed like me sort le 11 avril 2005. Il faut savoir qu'à ce moment déjà, des tensions se faisaient sentir au sein du groupe, et l'enregistrement de l'album a été reporté jusque début 2004 à cause d'une séparation de quelques mois. Ici les paroles comme la musique se font plus agressives, plus sanglantes (après tout l'album s'appelle Bleed like me...), mais aussi plus politiques, notamment sur des chansons comme Sex is not the enemy. Hormis celle-ci, les singles extraits sont Why do you love me, Run baby run et l'éponyme Bleed like me. Si les deux précédents albums s'étaient orientés vers un son plus électronique, celui-ci présente des sonorités plus rock, rappelant leur premier album. Le groupe affirme une volonté de faire sonner cet album comme ce qu'ils pourraient jouer en live. Comme toujours ils se lancent dans une tournée mondiale, cette fois-ci composée de seulement 78 dates, sur sept mois, pour une bonne raison : elle a été interrompue, le groupe n'est plus capable de s'entendre.

Pause & Absolute Garbage

Ils décident donc de faire une pause pour une durée indéterminée. Elle dure finalement 18 mois, et le groupe se reforme pour un concert à Glendale, en Californie. Ils se retrouvent alors en studio pour enregistrer Tell me where it hurts, assurant la promo du best of Absolute Garbage, sorti le 23 juillet 2007. On y retrouve leurs singles ainsi que les deux BO de films #1 Crush et The world is not enough, qui n'étaient jusque-là sur aucun album, et évidemment Tell me where it hurts. Sa sortie est accompagnée d'un DVD regroupant tous les clips du groupe, ainsi qu'un documentaire.

Not your kind of people

Sorti le 14 mai 2012, le cinquième album du groupe s'est fait attendre et on peut dire que leur retour commencait à devenir inespéré. Ils choisissent Blood for poppies pour l'annoncer. Concrètement, l'album sonne comme un bon vieil album de Garbage : ils disent eux-même qu'ils ne cherchaient absolument pas à se réinventer, mais jusque à continuer ce qu'ils étaient avant leur pause, et ils y ont incorporé tous les éléments qu'ils ont toujours aimé, à savoir des guitares saturées, des sons électroniques, une atmosphère particulière. Et ça marche. C'est pourquoi il a beaucoup été comparé à leur premier album. Not your kind of people confirme que Garbage est un groupe qui bénifie d'une réelle identité musicale, non seulement grâce à la voix de Shirley mais aussi grâce à leur façon de jouer. Il suffit d'entendre une de leurs chansons pour les reconnaître, pour peu qu'on connaisse déjà un peu leur style. Une fois de plus le groupe part en tournée mondiale, tournée qui n'est toujours pas terminée à ce jour. Une centaine de dates s'étaleront jusque mars 2013, sachant que la tournée a commencé en avril cette année. La setlist est à mi-chemin entre les chansons du nouvel album et un best of de leurs anciens single.

Hélène

[Rétrospective] Garbage

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